J’ai été initiée au travail de la terre en classe primaire. Cette matière faisait partie intégrante du programme des écoles Steiner dont je suis issue. 

Nous utilisions la terre pour décrire des sentiments et des émotions. Ces ateliers m’ont permis de découvrir une chose primordiale: l’expression par le volume.

Je découvrais aussi que ce travail sur la matière, avait la capacité de réactiver chez l’observateur, par le regard et le toucher, les mêmes émotions que celles éprouvées par le sculpteur.

 Vers 17 ans une évidence est apparue: je travaillerai donc avec mes mains, sur le volume, en harmonie avec la vie .

J’aurais pu être architecte, chorégraphe ou chirurgienne. Je suis Ostéopathe depuis 15 ans. Ces études sur le vivant et ce rapport au corps me sont apparues, de façon fluide et évidente, comme un prolongement de mon chemin de vie... 

Le travail de la terre m’a accompagné pendant mes études d’ostéopathe comme des moments de détente. Le travail du bois, puis celui de la pierre, auront également été pour moi une expérience de la matière, mais la liberté que la terre procure m’a ramenée à elle, simplement.

Parallèlement à la pratique de mon travail de thérapeute, j’ai continué à travailler la terre dans des textures différentes et sur des dimensions variées.

Le volume prend forme par l’espace et le vide, ces contours peuvent alors accrocher la lumière et rendre la force aux pleins de la matière.

La terre chamottée, s’est révélée pour moi la plus adaptée, jusqu'à la découverte du bronze, qui a apporté une autre matière noble, forte et éternelle.

J’honore le travail de l’artisan fondeur, qui moule, fond, cisèle. Jusqu'à la patine, l’ultime finition qui peut ou pas révéler toute la profondeur de l’œuvre par un long et délicat processus.

La sculpture est pour moi l’expression de la puissance du corps vivant ou fusionne force et délicatesse, l’expression même de l’homéostasie ou de l’équilibre que je recherche également dans mon travail de thérapeute.


Charlotte Rouhier Hohn le 13 Novembre 2011